Villemereuil
Château de villemereuil
« Époque moderne. Joli château construit au XVIIIe siècle, en brique et craie, style du XVIIe siècle ». C’est ainsi qu’Henri d’Arbois de Jubainville, archiviste, décrit le château de Villemereuil au XIXe siècle.
Ouvert au public lors des Journées européennes du Patrimoine.
Notre histoire
« Époque moderne. Joli château construit au XVIIIe siècle, en brique et craie, style du XVIIe siècle ». C’est ainsi qu’Henri d’Arbois de Jubainville, archiviste, décrit le château de Villemereuil au XIXe siècle.
Les historiens ont l’habitude d’associer le château de Villemereuil à la famille troyenne des Molé. Il est vrai que ce sont eux qui lui ont fait vivre ses heures les plus fastes à l’époque moderne. Mais plusieurs familles en sont propriétaires avant eux. Notons tout d’abord les Villemereuil, qui lui ont donné leur nom, mais aussi les Bonneval, les de Villemoyenne, de Mairey, Dinteville, ou encore de Foissy.
Son origine remonte ainsi à 1249 et à la probable construction par Guillaume de Bonneval d’une maison forte à l’emplacement du château actuel. Un siècle plus tard, Marguerite de Mores y possède la haute, moyenne et basse justice, deux mottes et une maison. Gérard Bonany, l’un des derniers propriétaires du château a même confié au docteur Doan, dont les notes manuscrites sont conservées aux Archives départementales de l’Aube dans le fonds privé de Jeannine Launay, avoir retrouvé les alignements des fossés en dehors des limites de propriétés du château actuel.
Au Moyen Âge, le village de Villemereuil était divisé en deux seigneuries distinctes, l’une relevant de la seigneurie de Chappes et étant arrière-fief d’Isle[-Aumont], l’autre de Troyes. Le territoire était donc géré en co-seigneurie.
Au XVIe siècle, la famille de Foissy gérait la mouvance d’Isle : Gaucher de Foissy, bailli de Melun, seigneur de Creney, gouverneur du marquisat d’Isle et gentilhomme de la Chambre du roi, achète la haute, moyenne et basse justice que le roi de France possède sur 53 maisons du village, devenant ainsi co-seigneur de Villemereuil. C’est son fils, Pierre de Foissy, écuyer de la grande écurie du roi, qui réunit les deux seigneuries en 1573. Nicolas Dauvet, grand fauconnier de France, comte des Marets et seigneur de Chacenay, époux de la petite-fille de Pierre de Foissy, hérite à son tour du château de Villemereuil. Par échange de terres, il cède l’intégralité du domaine à Claude V Molé.
Claude V est donc le premier membre de la famille Molé à être le seigneur de l’intégralité du domaine châtelain en 1656. Mais avant lui, certains de ces ancêtres étaient déjà seigneurs en partie de Villemereuil.
La grande famille des Molé trouve son origine avec Guillaume, marchand drapier troyen du début du XVe siècle. Il épouse Jeanne Léguisé, sœur de Jean, évêque de Troyes. Les deux beaux-frères font notamment partie de la délégation troyenne qui ouvre les portes de la ville en 1429 à Jeanne d’Arc et à Charles VII, en route pour le sacre à Reims.
Guillaume II Molé, reprend les affaires commerciales de son père. Quant à son frère cadet, Jean Ier Molé, il devient seigneur de Villy-le-Maréchal, fief de la famille, et épouse Jeanne de Mesgrigny, fille du receveur des aides, qui fait entrer le domaine de Villemereuil dans la famille Molé. Ensemble, ils ont plusieurs enfants, dont les deux premiers, Nicolas et Claude Ier, donnent des fils qui acquièrent d’importantes charges dans le royaume. Nicolas (1490-1545) est à la tête de la branche cadette de la famille, tandis que Claude Ier (mort en 1536) fonde la branche aînée, celle qui possède le château de Villemereuil.
Leurs descendants, Claude II, Claude III et Claude IV, épousent des filles de la noblesse locale tout en se transmettant les seigneuries de Villy-le-Maréchal et de Villemereuil.
Claude V ne voit la réunion de l’ensemble du domaine que quatre ans puisqu’il décède en 1660, laissant les terres et le château à sa veuve, Simone de Mesgrigny. Leur fils, Pierre-François Molé devient capitaine et aide-major au régiment de Navarre en 1674. En 1696, il habitait au château avec son épouse Françoise Thomassin. Mort sans descendance en 1727, il lègue tous ses biens dont le château de Villemereuil à Jean de la Chapelle, seigneur de La Noue et capitaine au régiment de la Marine-Infanterie. Mais celui-ci renonce à l’héritage. Ce sont donc deux de ses frères, Jean-Jérôme Molé et Eustache Molé, qui héritent successivement du château.
Mais le contrat de mariage de Pierre-François Molé stipule que son épouse doit hériter des biens de son défunt époux. C’est donc dans la décennie 1720 que la famille Molé perd définitivement toute propriété sur le château de Villemereuil ; Eustache décédé en 1731 sans enfants étant, de toute façon le dernier membre de la branche aînée de la famille.
Il est très probable que l’état actuel du château, tel qu’on le connaît et tel qu’il est décrit par Henri d’Arbois de Jubainville, soit celui de la reconstruction initiée par Françoise Thomassin ou Jean-Jérôme Molé.
Au décès de Françoise Thomassin, le château devient la propriété de ses cousins – la famille Corberon, puis de Marie-Béatrice d’Houville avant d’être acheté par la famille Bonany de Villemereuil dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle.
Eugène Bonamy de Villemereuil (1800-1894) fut président du Conseil Général de l’Aube. Les propriétaires actuels sont les descendants de cette famille. Ils accueillent volontiers les visiteurs à l’occasion de différentes manifestations comme les Journées du Patrimoine avec l’organisation d’ateliers pour les enfants.
L’architecture
Le château se compose d’un corps de logis principal et de pavillons quadrangulaires encadrant chacune des façades. Deux pavillons plus anciens, en craie et situés aux angles de la cour, sont baignés par l’eau des fossés.
Le château occupait le côté nord d’un terre-plein carré isolé par des fossés en eau qui furent en partie comblés au XIXe siècle. On y accédait sur le côté latéral par un pont de pierre qui avait remplacé le pont-levis d’origine. La cour d’honneur était délimitée au sud par un long corps de dépendances aujourd’hui réduit à deux pavillons d’angle dont l’un a conservé une pittoresque tourelle.
Le corps du logis comprend un rez-de-chaussée d’élévation modeste par lequel on accède par un escalier en pierre. La porte d’entrée s’ouvre sous un imposant tableau de pierre. Sur ces maçonneries de briques, particulièrement soignées, se détachent des cordons, des encadrements et des chaînes de pierre. A l’étage se trouve un vaste grenier. La façade arrière compte neuf travées et des pavillons étroits, placés aux angles du corps principal et presque détachés.
De vastes dépendances servaient d’écuries, d’étable et de bergerie. Elles pouvaient accueillir jusqu’à 14 chevaux.
Façades et toitures du corps de logis principal et des deux pavillons du château.